Michel Moretti a enfin l'hommage qu'il mérite

AC Ajaccio

Il y a 16 ans maintenant, l’ACA avait, à travers la voix d’Alain Orsoni promis de rebaptiser le stade au nom de Michel Moretti à la fin des travaux de rénovation. Ancien président et dirigeant depuis 1992, Alain Orsoni nous livre son sentiment avant l’inauguration du stade Michel Moretti prévue le lundi 1er avril pour le match de gala AC Ajaccio – AJ Auxerre.

Michel aura enfin l'hommage qu'il mérite

Alain, en 2008 vous aviez fait la promesse au peuple Blanc et Rouge de renommer le stade Michel Moretti, c'est chose faite aujourd'hui. Quel est votre premier sentiment?

À l’heure où il est temps de tirer ma révérence, après 32 années au sein du club, honorer la promesse faite de baptiser le stade du nom de Michel est une fierté ! Non seulement parce que nous étions intimes, nous avions milité ensemble dans les mouvements nationalistes, nous étions élus à l’Assemblée de Corse sur la liste Mouvement pour l’Autodétermination. Mais aussi et surtout parce que cela est amplement mérité au regard du rôle essentiel qui a été le sien pour faire renaître le club qui végétait dans le monde amateur en 1992. Michel était un visionnaire, quand il annonce dès la première saison en PHA « retour vers le futur » avant la fameuse affiche annonçant le retour en L1 « È parchi micca noi ? ». Mes souvenirs avec Michel sont encore très présents, son enthousiasme, sa capacité de travail et sa grande intelligence auront été prépondérant. Je ne vous cacherai pas ma profonde émotion en évoquant ce souvenir et l’immense satisfaction de voir enfin que l’hommage qu’il mérite lui, sera enfin rendu.

Un long chemin pour achever les travaux

Le chemin a été long pour mener à bien la rénovation du stade, 16 années, pouvez-vous nous rappeler l'historique des combats menés jusqu’à aujourd'hui?

Oui, il s’agit d’une véritable aventure et d’un pari insensé que nous avons réussi à concrétiser…  Seuls les anciens se souviendront de ce que le stade était devenu en 1992… Une pelouse qui se résumait à quelques touffes d’herbe, les tribunes restantes effondrées, la tribune Nord n’existait pas, il s’agissait encore d’une partie de la falaise… L’équipe évoluait en PHA et avait évité la relégation à la suite de la suspension des compétitions au lendemain du drame de Furiani…Il faut rendre hommage au président de l’époque Jean-Michel Stefanaggi qui a tout de suite accepté de passer la main, dans l’intérêt du club… Sans lui, et les amis entrepreneurs qui ont mis la main à la pâte pour améliorer les installations, rien n’aurait été possible ! Avec les tous premiers dirigeants, Antoine Antona, Augustin Torre, nous nous sommes lancés dans ce challenge un peu fou.

2007, l'acte fondateur du renouveau du stade

Il a fallu plusieurs étapes avant de voir le stade au niveau où il est aujourd’hui.
Pour remettre en état sommairement ce qui est aujourd’hui la tribune Jean-Baptiste Poli, nous avions prêté les vestiaires aux témoins de Jehova dont plusieurs dizaines avaient en échange travaillé aux premières améliorations. Nombre d’entrepreneurs ajacciens nous avaient alors soutenu gratuitement ou presque pour remettre en état l’éclairage, puis les vestiaires, enfin pour gagner sur la falaise afin de construire la tribune Antoine Faedda du nom d’un de nos grands dirigeants, Antoine était un des précurseurs de notre épopée. Le président de la chambre des métiers d’Ajaccio, Jean-Baptiste Poli avait accepté de faire un stage de formation professionnelle qui avait permis de rénover complètement la Tribune qui porte son nom depuis. Enfin, avec l’accession au professionnalisme, les droites télévisés nous ont permis d’arriver au résultat que nous connaissons. Inutile de dire que cela n’a pas été facile, suscitant jalousies et ou moqueries car personne ne croyait en nos chances de réussite ! D’autant qu’il fallait aussi répondre aux exigences de la LFP, créer un centre de formation, aménager des terrains d’entraînement, employer des personnels qualifiés. Il m’est impossible de citer tous ceux qui nous ont accompagné dans cette démarche, de nos débuts avec Bati Gentili sans parler de ceux qui dans l’ombre nous ont toujours soutenu à l’époque… En 2007, Michel construit le projet de rénovation du stade, c’est la première pierre de la modernisation de notre enceinte. Nous avons commencé les travaux sur nos fonds propres, avant de pouvoir les poursuivre après la reconnaissance d’intérêt général en 2011. Puis les deux montées en Ligue 1 nous ont permis d’achever ce projet.

Michel a toujours eu de l'ambition pour le stade

Pouvons-nous affirmer que Michel Moretti était un visionnaire en nous laissant ce projet de rénovation avant son départ, notamment en engagement le département à nos côtés ?


Michel a toujours eu l’ambition de faire de Timizzolu un stade digne de ce nom. Notre principal obstacle ayant été la propriété des installations qui nous empêchait d’avoir recours aux subventions publiques. Combien de fois nos tentatives ont elles échouées sur cet écueil, jusqu’à l’intervention préfectorale pour interdire une aide votée par la CTC à l’époque de Paul Giacobbi ! Nous avons toujours eu à cœur de continuer dans la voie qu’il avait tracé, comme nous avons, dès sa tragique disparition, annoncé que nous rebaptiserions le stade du nom de son dirigeant le plus emblématique ! Cela a d’ailleurs toujours été pour moi un devoir de mémoire que nous ne pouvions pas trahir.

Tous les licenciés de Corse invités pour l'inauguration

Comment pourriez-vous décrire Michel Moretti si vous deviez parler de lui aux générations qui se succéderont?
Bien qu’originaire de Rosazia, Michel était un pur ajaccien, il avait conservé u stintu paisanu… Adepte de la flachina, il était doué d’une grande intelligence et d’une phénoménale puissance de travail ! Licencié en sciences politiques, il avait le don de la négociation, c’était aussi un orateur présentateur du journal télévisé. C’est d’ailleurs lui qui me donnait des cours pour maximiser l’impact de mes interventions télévisées à l’époque ! Je dirais que l’homme jovial et ouvert qu’il était, faisait néanmoins preuve d’une grande rigueur intellectuelle et morale. Sa disparition prématurée a été une perte immense, pour sa famille bien sûr, pour ses amis et pour le club , j’oserai dire pour la Corse… pour ma part, j’ai perdu un ami que je considérais comme faisant partie de ma famille…

Le club inaugurera le stade Michel Moretti contre Auxerre le premier avril prochain. Pouvez-vous nous en dire plus sur les festivités et nous parler de cette rencontre où les émotions et le défi sportif seront forts ?
Nous inviterons l’ensemble des clubs corses pour lui rendre hommage et pour que sa mémoire vive car Michel était un dirigeant du football corse respecté et reconnu. Tout le monde au club travaille sur le protocole inaugural. La rencontre sera chargée de symboles, seize ans après sa disparition quasiment jour pour jour. Je serai bien évidemment présent pour ce moment historique, je ferai un discours sur la pelouse avant le coup d’envoi !

Autres publications

Newsletter