20 ans après le titre de champion de France de D2, nous poursuivons notre série d’entretien des anciens joueurs. Aujourd’hui, nous avons pris des nouvelles de Stéphane Maurel, ancien défenseur du club formé à l’AS Monaco. Interview.
Je garde de merveilleux souvenirs d'Ajaccio
Stéphane, comment êtes-vous arrivé à Ajaccio en l’an 2000 ?
En 2000, j’arrive en prêt de l’AS Monaco, mon club formateur, qui avait un partenariat avec l’ACA. Baptiste Gentili était l’entraineur lors de ma première saison (2000-2001). L’objectif du club était de se maintenir, nous l’avons fait même si cela a été difficile. À cette époque, nous étions jeunes et conquérants, on bénéficiait d’un grand soutien à Ajaccio. En arrivant, j’ai retrouvé ce côté méditerranéen à l’AC Ajaccio. Je me suis retrouvé avec des anciens copains du centre de formation, j’ai vite eu des repères et dans la vie du quotidien c’était un réel plaisir. Les supporters sont devenus des copains, les joueurs d’expérience avaient du charisme et tenaient la boutique, ils montraient l’exemple avec Granon, Burle… À 19 ans j’étais impressionné, c’étaient des exemples. Puis à l’issue de la saison, je signe mon premier contrat professionnel avec l’ACA en 2001. C’est un rêve qui venait d’aboutir après 5 années de formation. J’ai prouvé que j’étais capable et que j’avais le niveau d’évoluer en Division 2, je garde donc d’Ajaccio un merveilleux souvenir à vie.
Ta deuxième saison (2001-2002) restera également un souvenir inoubliable avec le titre de champion de France de D2 ?
Oui à l’été 2001 on a vu le projet du club évoluer. Le président Michel Moretti venait d’officialiser l’arrivée de Rolland Courbis, qui était une véritable surprise, et il ne venait pas pour jouer le maintien. On a vite compris que l’on débarquait dans un tout autre état d’esprit, notamment à la préparation. Le staff de l’époque nous parlait des objectifs, cela nous motivait. Le président Michel Moretti voulait qu’on fasse la meilleure saison possible. D’ailleurs, c’était une personne avec beaucoup de charisme. Quand il rentrait au vestiaire, tout le monde l’écoutait, il avait la bonne parole, le bon ton, il était toujours dans le côté positif mais on le craignait tous un petit peu. On le craignait dans le bon sens du terme, il était respecté. À 20 ans, avoir un président comme lui il fallait rentrer dans les rangs et je pense que c’était la bonne école. Quand j’ai signé mon contrat professionnel il m’a mis à l’aise, il a été respectueux de ses engagements et j’en garde un très bon souvenir.
Rolland Courbis m'a dit : 'je ne vais pas te faire sourire'
Comment s’est passé le championnat pour toi ?
Quand j’ai effectué la préparation estivale, j’étais un titulaire indiscutable. Mais je suis arrivé en retard pour les premières consignes de Rolland Courbis lors du premier match de championnat. Rolland Courbis l’a très mal pris car j’arrive en souriant. Il m’a dit “Je ne vais pas te faire sourire, je devais te faire commencer titulaire mais tu débuteras sur le banc” Xavier Becas m’a remplacé. J’étais puni et j’ai pris sur moi. Je rentre en cours de jeu, on gagne, la spirale positive s’installe et j’ai mis beaucoup de temps à retrouver ma place car l’équipe fonctionnait bien, on avait de la réussite, c’était très plaisant car il y avait une grande régularité. On a effectué un parcours exemplaire à domicile, cela nous a amené à avoir d’autres ambitions. Rolland a su gérer nos ambitions de manière magique, il a toujours fait passer le message comme quoi on était meilleurs que les autres, on pouvait jouer contre n’importe qui, dans chaque causerie il nous parlait de l’adversaire et on pensait être meilleurs que nos adversaires. On a fait la parade sur le cours Napoléon, on a roulé avec le bus ouvert c’était fantastique, cela nous rappelait la saison mémorable que l’on venait de réaliser. On a su garder le cap tout au long de la saison, il y avait un monde fou sur la place, c’est mon seul titre c’est quelque chose qui restera gravé à vie.
20 ans après, vous demeurez positif !
C’est une saison où j’aurais pu participer pleinement mais cela m’a tellement appris. Il faut toujours garder l’état d’esprit, rester compétitif, même si on est sur le banc il faut répondre présent quand on fait appel à nous. Dans cette position, il faut toujours prouver sa valeur. C’est beaucoup de pression. Je garde un excellent souvenir de ce staff car ils avaient un charisme fou. On avait la chair de poule avant chaque match. Les causeries duraient parfois 10 minutes, Rolland y mettait du coeur et arrivait à nous le transmettre. On arrivait sur le terrain et on avait la motivation optimale.
Un collectif puissant !
Au-delà du staff, est-ce qu’il y a des joueurs qui vous ont marqué ?
C’était un collectif très puissant ! Il y avait des piliers comme Cyril Granon, Eric Colling qui étaient des références. Cela me rassurait de jouer avec eux. Cette saison-là, il y a eu des révélations comme Anthony Garcia qui amenait de la sérénité au milieu de terrain. Stéphane Trévisan l’expérience. Toto Squilacci et Xavier Becas se sont aussi révélés match après match. Je me souviens aussi de Samba N’Diaye très pédagogue. Toutes ces personnes rassemblées dans l’effectif ont permis de réaliser l’exploit.
Que s’est-il passé après 2002 pour vous ?
Rolland a ensuite composé une équipe pour la Division 1, moi j’ai été prêté à l’AS Cannes en National avec Clichy, Faubert, Régis Brouard… cela m’a permis de jouer, c’était mon choix. En tant que défenseur j’ai marqué 10 fois avec l’ASC, je voulais montrer que j’avais ma place et à mon retour c’était Dominique Bijotat l’entraineur de l’ACA. En 2003-2004 j’ai joué avec la réserve de l’ACA en DH. On avait l’objectif de monter pour continuer à structurer le club. Professionnellement ce n’était pas le mieux mais on a réussi l’objectif. Puis je suis parti au Portugal en D1 avec Estoril. J’ai joué contre le FC Porto qui a battu l’AS Monaco en finale de Champion’s League. C’était une super expérience. Il y a eu des matchs de référence contre Braga, Benfica qui me restent en mémoire. Sportivement j’ai de bons souvenirs. À mon retour, je n’avais pas beaucoup de propositions, j’ai pris quelques mois pour réfléchir et je me suis engagé vers Rodez.
Stéphane Maurel, le chef d'entreprise
Quelle voie avez-vous suivi après votre carrière de joueur?
En 2006 j’ai arrêté ma carrière de footballeur professionnel et j’ai démarré ma reconversion, j’ai passé mon BTS quand j’étais joueur pour avancer sur mon après carrière. J’ai eu des options, j’ai choisi l’option de l’entreprise. J’avais envie d’accompagner les joueurs professionnels et j’ai voulu être maître de mon sort. J’ai créé ma structure, dans un premier temps j’ai monté un magasin de décoration, c’était ma toute première expérience qui a duré 5 ans. J’ai ensuite monté des projets avec des copains, dont Nicolas Baudoin, ancien joueur de l’ACA. Ensemble, nous avons créé « Vidéo Profile » qui a duré 10 ans. Les joueurs avaient un CV vidéo et des outils pour être valorisés. La moitié des joueurs de football de Ligue 1 et 2 ont utilisé cet outil, soit plus de 400 joueurs. Je suis resté dans ce secteur d’activité dans la vidéo et le football. Aujourd’hui j’ai une cinquantaine de salariés avec notre centre de production à Madagascar, on a diversifié nos activités. On a créé une antenne d’outsourcing, on va dénicher des profils dans tous les métiers pour des entreprises françaises qui souhaitent externaliser certains postes.
Comment jugez-vous l’évolution de l’ACA depuis 20 ans?
À l’ACA nous sommes partis de très loin, beaucoup de choses ont été faites : le centre d’entrainement, le centre de formation, le stade a évolué, il a été rénové et les bureaux se sont structurés. L’évolution est positive et j’apprécie le fait qu’Olivier Pantaloni soit toujours là, cela témoigne de la mentalité du club. Il a tout connu au sein du club, il a évolué dans tous les rôles, c’est quelqu’un de passionné et je suis ravi de le voir entraîner l’équipe première fidèlement. L’ACA est toujours là 20 ans après ! Cela prouve que le club est stable dans le monde professionnel, même si les moyens n’ont jamais été énormes, l’ACA renverse des montagnes et je pense qu’il y a une bonne stratégie qui est en place.