L'ACA des années 50
Il y a parfois dans la vie, des moments où une porte s’ouvre et vous offre une extraordinaire rencontre. Cette porte, c’est celle de Jeannot Ottavy que nous avons franchi après un mois d’avril placé sous le signe de l’hommage à notre histoire. Meneur de jeu surdoué, cœur Rouge et Blanc… Jeannot Ottavy fait partie de ceux que l’on ne peut oublier, ceux que l’on n’a jamais assez mis en lumière. À 92 ans, cet ajaccien de talent est le doyen de tous les anciens footballeurs de notre club ! Double Champion de Corse (1950, 1955), vainqueur du Challenge Raoul-Bonan (1948), du Challenge Lelong et double vainqueur de la Coupe de Corse… le magicien du football, comme on le surnommait à l’époque, est l’un des plus beaux palmarès de l’histoire de l’Ours avant son arrivée dans le monde professionnel. Retour sur l’itinéraire d’un Acéiste dans l’âme.
Professionnel en Algérie
L'ACA des années 1950 !
Ce jour-là, son visage brille d’un vif éclat. Son sourire est chaleureux et ses yeux bienveillants. Jeannot Ottavy est ravi de nous accueillir dans sa maison pour nous faire partager ses souvenirs. Des souvenirs de l’ACA que peu ont connu dans les années 40 et 50, bien avant l’épopée professionnelle (1965-1974) dont nous avons beaucoup parlé. Lui a connu de simples aires de jeux, des équipements rudimentaires mais surtout un esprit de franche camaraderie. Rien de superflu dans le football durant ces années. Jeannot réalise d’abord ses premiers pas à l’Olympique Ajaccien alors que la Seconde Guerre Mondiale éclate. Appelé et mobilisé entre 1943 et 1945, Jeannot Ottavy revient dans la cité impériale et retrouve immédiatement les joies de son sport dans sa tunique d’origine. Trois années plus tard, il rejoindra les rangs Rouge et Blanc… c’est là le début d’une belle ascension pour le milieu de terrain clairvoyant.
Il côtoie alors les grands Acéistes de cette époque comme Antoine Federicci, Angeot Marcaggi, Mimi Gentili, Antoine Cristofari, Henri Sauvant... dont il en garde des souvenirs impérissables. Après trois années à l’ACA, le meneur de jeu se révèle être d’un niveau exceptionnel : technicien hors pair, passeur déterminant Jeannot va donc connaître logiquement les joies du football professionnel. Non pas en France, mais en Algérie au sein du club de Mascara. Il est accueilli en Afrique du Nord entre 1950 et 1952 puis en 1953/1954. Des saisons marquées bien évidemment par de belles performances : finaliste de la coupe d’Afrique du Nord devant 45 000 personnes, matchs de prestige contre Arsenal, Vallalolid … et par des rencontres inoubliables comme celle avec le Roi du Maroc. Malheureusement, la belle histoire de Jeannot Ottavy va prendre fin prématurément. La Guerre pour l’indépendance de l’Algérie éclate au mois de novembre 1954 et durera plus de sept années, l’Ajaccien revient à Ajaccio.
Il atteint le monde professionnel en Algérie
À sa famille, Jeannot parle encore de cette expérience comme l’une des plus belles et des plus enrichissantes de son histoire. Le voilà alors de nouveau Acéiste dans les années 50. Des années, elles aussi, brillantes : on pense notamment à ce match mythique contre le Stade de Reims de Raymond Kopa en 1953 pour le jubilé d’Angeot Marcaggi (Jeannot Ottavy est l’unique buteur ajaccien face à cette grande équipe) et des nombreux titres cités précédemment … bref Jeannot Ottavy fera les grandes joies de l’ACA dans les années 50 avec ces glorieux titres.
Finalement, Jeannot Ottavy est né beaucoup trop tôt. Il aurait facilement cotoyer l'ACA professionnel des années 60 et 70. Mais en terminant sa carrière à l’âge de 41 ans et en s’adjugeant un titre de Meilleur Buteur de Corse avec l’ACA en 1961, Jeannot Ottavy est devenu un personnage unique et atypique dans notre histoire. Il a continué à servir son club pendant de nombreuses années en accompagnant les équipes jeunes notamment. Jeannot Ottavy est aussi le père d’une grande famille d’Acéistes. Son fils Jean-Luc avait d’ailleurs fait ses premiers pas avec les juniors en lever de rideau du… dernier match de son père. Un joli clin d’œil de l’histoire.
Fidèle, modeste, généreux… Jeannot Ottavy mérite d’être élevé au rang des légendes de notre Histoire. Il s’agit là de l’une de nos plus belles rencontres. Jeannot Ottavy, Acéiste dans l’âme.
Jeannot Ottavy, en bas à droite avec son fils Jean-Luc
Jeannot Ottavy et sa famille ont conservé le trophée de Meilleur Buteur de DH remis en 1961 par le Provencal Corse.
Article réalisé en juin 2017.
