Notre coordinateur sportif, Johan Cavalli, tire le bilan de la saison sportive 2023-2024 et évoque les perspectives pour la saison prochaine.
Redorer notre blason
Johan, quel est votre sentiment général sur la saison 2023-2024?
Au moment d’établir un bilan, on a tendance à ne pas remonter le fil jusqu’au début de la saison. Nos regards se tournent naturellement sur la fin de l’exercice et de ce point de vue-là, il est décevant. Si je regarde l’ensemble de la saison, notre première partie de saison a été très bonne et la deuxième partie a été catastrophique. C’est donc un sentiment mitigé et décevant car nous avions imaginé autre chose en cours de saison.
Nos performances au stade Michel Moretti est l’une des satisfactions de la saison tout de même?
Notre parcours à domicile a été positif. D’abord pour notre public car nous savons que c’est important, même si lui aussi est légitimement frustré. Ensuite parce qu’avoir l’exigence d’obtenir des résultats à domicile, cela reste le fil rouge d’une saison à l’AC Ajaccio. C’est une donnée importante pour nos supporters et pour réaliser une saison complète.
Notre salut est également passé par des bons résultats face à des grosses écuries?
C’est vrai que le groupe a répondu présent dans l’adversité, quand on a été au pied du mur, c’est la marque de fabrique du club. Cela a été satisfaisant mais également frustrant quand on arrive à donner ce qu’il faut contre ces équipes-là. Je pense à la période contre Caen et Saint-Etienne, nous étions en difficulté au classement puisque l’on avait laissé échapper ce rêve de Play-off et nous nous sommes complètement effondrés. On a tiré la sonnette d’alarme, il ne faut pas perdre cette combativité dans la difficulté mais il faut absolument devenir constant.
L’éclosion de jeunes joueurs formés au club est une satisfaction?
Cette saison nous avons eu les confirmations de Ben Hamed Touré, Tony Strata et quand même Mehdi Puch qui s’est blessé au plus mauvais moment. Ainsi que de François-Joseph Sollacaro que nous allons évoquer. C’est une réelle satisfaction même si je dois admettre que nous avons été parfois contraints d’utiliser de très nombreux jeunes joueurs en raison d’une saison, sur le plan des blessures, catastrophique. Il faut les laisser se construire avant de les lancer dans le grand bain. Sur les trois dernières sorties, voir un garçon comme Anthony Fosse était une fierté car nous l’avons depuis tout petit au sein du club et nous l’accompagnons dans son parcours. Anthony Khelifa a eu un petit peu moins de place en défense mais quand il a été appelé, il a répondu présent. Enfin, pour Moussa Soumano nous attendons confirmation la saison prochaine car nous en attendions plus cette saison. Enfin, il faut savoir qu’après un prêt fructueux de Ghjuvanni Quilichini, celui-ci réintègre les rangs de l’ACA et restera avec nous pour continuer son éclosion.
SOLLACARO N°1
Concernant les gardiens, la hiérarchie a été bousculée en cours de saison.
Je ne vais pas faire de langue de bois dans notre bilan, la hiérarchie des gardiens a été un fil rouge tout au long de la saison. Mathieu Michel a répondu présent sur les premiers matchs mais après sa blessure il a eu du mal à confirmer. François-Joseph Sollacaro a assuré l’intérim, comme il avait réussi les années précédentes, il a toujours répondu présent. Au moment de débuter la saison, nous avons considéré que François-Joseph avait besoin de temps pour être dans la peau d’un numéro 1. On l’a construit, on a pris le temps et grâce à son sérieux, son écoute et son travail, il a réussi à passer les étapes. Le club lui a laissé le temps de passer ces étapes, on a travaillé avec lui. On ne souhaitait pas lui mettre toute la pression, après une descente de Ligue 1, sur ses épaules. Assumer pour la première fois d’être numéro 1 après une saison où il fallait reconstruire, c’était difficile et nous souhaitions le préserver. Ce choix a été compliqué, même populairement. François-Joseph a été convaincant et Mahieu Michel n’a pas été performant à son retour de blessure. La saison prochaine, nous démarrerons la saison avec François-Joseph Sollacaro comme numéro 1. C’est une évolution, c’est un enfant du club et de la ville et on espère que cette saison confirmera l’ensemble de ses progrès et du travail qu’il a réalisé au sein du club.
Concernant les recrues de la saison 2023-2024, quel bilan avez-vous tiré?
Il y a des joueurs qui ont vécu une saison compliquée, avec des préparations tronquées, des blessures, et qui n’ont pas répondu à nos attentes. Pour ces raisons ils n’ont pas pu être performant à l’image de Valentin Jacob ou Stephen Quemper. Stephen a eu une bonne première partie jusqu’à sa blessure puis il n’est pas revenu au niveau physiquement, c’est donc une saison mitigée. Concernant Yacine Bammou, il avait fait des débuts excellents sur le plan sportif et humain, malheureusement des raisons personnelles l’ont poussé à partir. Son départ était vital pour lui et dans une entreprise vous ne pouvez pas retenir un employé qui n’est plus concerné mentalement et dont le départ est inéluctable. On apprend au fur et à mesure donc on fera encore plus attention à ce genre de chose dans notre recrutement. Même si nous avons beaucoup de contraintes lorsque vos moyens sont limités. Nous nous sommes retrouvés dos au mur en étant obligé de le laisser partir. Cela a également été le cas avec Maxime Chanot. Cela a été difficile pour nous, il a été satisfaisant jusqu’au dernier mois lorsque nous avons pris connaissance de sa situation. On a souhaité préserver le groupe présent et les joueurs en poste en conservant les joueurs impliqués. En finalité, nous sommes restés sur notre faim.
LES JALONS D’UNE CELLULE DE PERFORMANCE
Les blessures ont été un véritable problème, un handicap cette saison, comment avez-vous prévu d’y remédier?
Cela fait deux saisons que nous avons de gros problèmes par rapport à cela. L’an dernier on pouvait mettre le problème sur le fait que les joueurs devaient être à 200% pour essayer d’exister. Cette saison, cela n’a pas été le cas. Nous travaillons sur le sujet, nous avons pris des décisions en posant les jalons d’une cellule de performance. Cellule de plus en plus présente dans les clubs car l’aspect athlétique a pris beaucoup d’importance dans le football et doit être privilégié maintenant. Nous aurons, à travers cette cellule, une autre façon de travailler, plus d’individualisation, plus de prévention en essayant de faire évoluer nos moyens humains et matériels. Le pôle médical et physique doit nous permettre d’avoir des joueurs beaucoup plus présents tout au long de la saison. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir jusqu’à 10-12 blessés dans la même saison ! Une grande partie de notre partie fin d’exercice a été dû à cela. C’est une remise en question globale, un mea culpa de l’ensemble des pôles et cela ne tient pas à une seule personne ou un seul pôle. Six joueurs blessés par semaine tout au long de la saison cela n’est plus possible.
Pour en revenir au mercato, il y a eu des recrues très satisfaisantes, on pense à la révélation Jabol, l’explosion d’Ibayi dans le monde professionnel ou encore le talent de Sakhi?
Oui, Hamza Sakhi et Christoper Ibayi ont été recrutés à la trêve hivernale et ils ont apporté beaucoup à notre équipe. Christopher a marqué 6 buts en 4 mois, Hamza a été d’une grande importance. Sachant qu’il avait commencé le championnat bien avant, la saison a duré 12 ou 13 mois, il a fini fatigué et il ne faut donc pas retenir que la fin comme je disais. Christopher cela a été un combat pour le faire venir, il est resté un mois sans s’entraîner mais a surfé sur la vague en arrivant, il a fini fatigué. Ce sont deux recrues satisfaisantes tant sur le plan sportif que sur le plan humain. Tim Jabol est la révélation de la saison, je ne suis pas surpris car nous connaissions son potentiel pour en arriver à ces performances-là.
Ces éléments sont sous contrat, vont-ils évoluer en Blanc et Rouge la saison prochaine?
Nous sommes de ces clubs qui, chaque année, ont besoin de valoriser leurs joueurs et nous travaillons en ce sens. Nous aimerions tous les conserver mais ce n’est pas possible. Tim Jabol est beaucoup sollicité, il a montré toute l’étendue de son talent, mais à ce jour rien n’est signé. Concernant Hamza Sakhi et Christopher Ibayi, nous espérons les garder. Ce qui est sûr, c’est qu’à la fin du mercato, nous conserverons nos joueurs toute la saison , nous travaillons à cela compte tenu des circonstances extrêmes que nous avons connues cette année. Nous retenons les leçons. En tout cas, avant la saison, nous aurons des discussions pour que ceux qui s’engagent soient prêts à porter nos couleurs toute la saison. C’est la ligne de conduite que nous nous sommes fixés, nous allons nous servir du passé, sans y rester, et que cela nous serve pour la suite.
CONSTRUIRE UN NOUVEAU CYCLE
Comment va évoluer l’effectif actuel?
Ce que je peux vous dire aujourd’hui, c’est qu’il y a des fins de contrats non prolongés que vous connaissez, il y a d’autres fins de contrats sur lesquels nous travaillons actuellement et d’autres joueurs sous contrat qui pourront trouver un nouveau challenge. C’est les grandes lignes concernant les sorties. Le mercato cette saison sera très long, il faudra être patient même si je sais que nos supporters sont friands de cette trêve et c’est normal. Nous n’allons pas aller trop vite car cela va bouger, il y a deux clubs de moins en Ligue 2, quatre en National, il y aura beaucoup de joueurs sur le carreau. Il y a également des exigences auxquels nous ne pouvons pas répondre en début de mercato. Je pense qu’il va falloir un recrutement malin et patient. Certains joueurs arriveront durant le mois de juin, d’autres un petit peu plus tard.
En fin de saison, le groupe a semblé en « roue libre », c’est en tout cas le sentiment chez les observateurs et les supporters. Quel a été votre sentiment à vous de l’intérieur ?
On entend ce qui est dit, c’est parfois difficile à entendre ou à reconnaître mais on peut comprendre le supporter qui voit l’équipe se déliter penser tout cela. C’est normal et nous sommes là pour l’éviter dans une saison. On a donné cette image malheureusement mais quand on associe le tout entre déception de ne pas accrocher le play-off, un état physique déplorable, les blessures qui ont continué jusqu’à la fin de la saison, les départs inattendus… tout cela réuni a donné ce visage chaotique. Les joueurs n’ont pas pu donner tout ce qu’ils avaient à donner. On va apporter des changements comme je vous disais dans notre organisation, mettre l’accent sur notre préparation physique et notre début de saison afin de redorer le blason du club et de l’équipe pour que nos supporters se retrouvent en nous et en nos valeurs. Il faut que l’on redresse cela immédiatement pour recréer une dynamique club avec toutes nos composantes.
REDORER NOTRE BLASON
Nos supporters attendent beaucoup mieux de nos parcours à l’extérieur et en Coupe de France, vous y travaillez également?
Ce sont deux choses distinctes, notre parcours à l’extérieur est calamiteux c’est une certitude. On travaille pour rétablir cela. Dans notre construction de l’équipe l’an dernier, nous n’avions que peu de joueurs de transition sur le plan offensif et cela nous a fait défaut. On oriente notre recrutement par rapport à cela c’est une évidence. Concernant la Coupe de France, c’est incompréhensible, personnellement j’ai toujours vécu des épopées en Coupe jusqu’à la gagner. On n’arrive pas à passer des tours. Cette année, malgré un tirage favorable et Orléans qui a fait le match qu’il fallait, au moment de la Coupe nous avions fait le choix de faire souffler des cadres et débuter avec une équipe plus jeune. Cette année, on réfléchira peut-être différemment quand on abordera la Coupe mais nous sommes conscients de l’attente de notre public dans ce domaine car c’est fédérateur. La Coupe fait partie de mes meilleurs souvenirs en tant que joueur.
Pour finir, nous avons compris que le groupe va être remodelé au fil des semaines. Avez-vous une idée en tête sur un nombre de recrue par exemple?
Il y a des postes clés sur lesquels nous travaillons en priorité. En termes de nombre, cela va évoluer en fonction des départs comme je vous le disais précédemment. Je pense que nous aurons entre 5 et 10 recrues. C’est important car nous débutons un nouveau cycle pour une période de trois ans en essayant de renouveler ce que nous avions mis en place lors du premier cycle de trois ans au moment de ma prise de fonction. Le but est de construire un noyau assez costaud et pouvoir un jour rêver à nouveau.