Lolo Alata et Fanfan Borodine donneront le coup d'envoi de la rencontre ACA-Monaco, le samedi 26 avril 2014 à 17h.
Deux cœurs. Deux cœurs de 80 printemps, emplis à ras-bord de souvenirs, mais qui battent toujours au son d’une même musique : celle de l’ACA. Fanfan Borodine et Lolo Alata sont deux enfants du club. Depuis toujours, ces amis d’enfance vivent en blanc et rouge. D’abord en tant que joueurs – ils ont tous deux évolué à l’ACA- puis comme supporters. Ils ne manquent jamais un match à Timizzolu.
L’un est né Castel Vecchio, l’autre dans la vieille ville. Ces deux Ajacciens, pur jus pur sucre, ont l’amour de leur club chevillé au cœur et au corps. Fanfan et Lolo, les inséparables amis, étaient tout autant unis sur le terrain . « Nous n’avions pas besoin de regarder : nous savions où était l’autre ». Borodine était N°10, Alata évoluait en 11 ou 7 (ailier) dans le championnat de DHR.
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Comme sur le terrain, Fanfan Borodine et Lolo Alata sont indissociables dans la vie. Abonnés tous les deux ensemble en tribune JB Poli, ils nous expliquent: « Nous nous sommes connus tout petits. Nous faisions des levers de rideau. Fanfan était à l’OA et moi à l’ACA. Nous avons joué ensuite ensemble en junior et en senior. On peut dire que nous sommes nés à l’ACA. Coupe, championnat: en 1955 nous avons tout gagné » se souvient-il. « C’était la grande équipe des cadets corses ». Fanfan et Lolo étaient d’ailleurs surclassés. Tous deux ont les yeux qui pétillent quand ils évoquent ce passé, lointain pour de jeunes âmes, mais si proche dans leur mémoire.
« Antoine Federicci, un père pour nous»
Un de leurs meilleurs souvenirs : le voyage en Sardaigne en 1953. Invités à Sassari, ils avaient été reçus comme des rois en compagnie de Federicci, Remiti, Paccini, et avaient joué contre Sassari.
Fanfan Borodine évoque le match de Coupe de France contre Arles où Ajaccio avait gagné 2-1 au Stade Jean Lluis. « J’ai marqué un but de quarante mètres sur coup franc. « J’avais la frappe » souligne-t-il. « J’avais été sélectionné dans l’équipe ajaccienne lors du jubilé d’Angeot Marcaggi. « Et moi j’étais rapide » ajoute Lolo Alata.
Fanfan Borodine vivait à Lyon mais était licencié à… Ajaccio ! « J’ai fait 33 mois d’armée et la guerre d’Algérie. En 1959, j’ai dû m’installer à Lyon car ma femme était y institutrice. Je prenais régulièrement l’avion pour venir jouer à Ajaccio. J’ai refusé de multiples occasions de devenir professionnel pour rester à l’ACA ». Il était chef du personnel dans une grande société, Lolo Alata était artisan-maçon à Ajaccio.
« Antoine Federicci nous considérait comme ses fils » expliquent-ils. « Lors d’un match de Coupe de France à Corte contre le LUSC, nous menions 4-0 à la mi-temps. A quelques minutes de la fin du match, nous étions rejoints, 4-4. Antoine Federicci nous lance : « si vous ne gagnez pas le match, on vous fait sortir et vous ne revenez plus à Ajaccio ! ». Finalement, nous avons gagné aux prolongations ».
« Antoine était comme un père pour nous » raconte Fanfan Borodine. « Une fois il m’a emmené à la Coupe Latine à Paris car j’étais un peu son chouchou ainsi que celui d’Henri Maillot, l’ancien Président. On a vu Barcelone, Lisbonne, la Juventus ».
« Une grande famille »
« Le joueur qui m’a le plus marqué est Jean-Jean Marcialis. D’autres personnages ont beaucoup compté aussi, comme Gentili, Ottavi, et bien sûr Federicci » indique Fanfan Borodine. « Antoine Federicci était un monument » renchérit Lolo Alata, dont le père, Joseph, était déjà à l’ACA . « Immense tant comme joueur que comme dirigeant. Je me souviens aussi de Jeannot Ottavy. Il ne s’entraînait jamais mais avait quand même une condition physique incroyable. Plus tard, nous avons aussi bien connu Michel Moretti, qui était ami avec Antoine Federicci ». Sans oublier le désormais légendaire Etienne Sansonnetti, puis Louis Hon, Félix Pironti, Antoine Cuissard, Marius Trésor, François M’Pelé, et les journalistes Victor Sinet et Dumè Figarella.
Les deux compères évoquent aussi Sauveur Constantino, l’actuel responsable administratif des amateurs acéistes. Lolo Alata : « Sauveur et moi étions du même quartier, la rue Bonaparte. Quand il était enfant, je le faisais entrer avec moi au Stade Jean Lluis. L’ACA formait une grande famille, tout le monde se connaissait et l’engouement autour des matchs était très important. Une semaine avant tout le monde parlait déjà de la prochaine rencontre ». Le restaurant « Le Bœuf à la mode », la cantine des footballers de l’époque, était tenu par un parent de Lolo Alata.
Lolo Alata raconte : « Après la guerre, on allait pieds nus. Le docteur Lenck, médecin de l’ACA, nous avait donné des chaussures de seniors pour jouer. Nous mettions du papier dedans et roulez jeunesse ! On partait à pied de la vieille ville pour aller au Stade Jean Lluis. Nous n’avions rien mais nous étions tellement heureux ! Dans l’équipe, il n’y avait pas d’étrangers ni de continentaux : seulement des Ajacciens. Et on jouait à cinq devant.
« A l’époque, le niveau de la division d’honneur était quasi celui de la Ligue 1 actuelle. C’était plus technique et moins physique. Nous jouions avec le cœur, pas pour l’argent. Quand nous gagnions, Antoine Federicci nous donnait dix francs de prime. Et nous n’allions pas au vestiaire pour nous coiffer » indiquent les deux hommes.
« Penalty ! Penalty »
Lolo Alata se souvient : « nous sommes allés à Porto-Vecchio en Coupe de France avec Félix Pironti. On engage le coup d’envoi, Jean-Jean Marcialis me donne la balle et je marque d’entrée. Tout le monde m’embrassait. Mais un adversaire me donne un coup dans les parties. Je m’effondre. Antoine Federicci me dit : « ne t’en fais pas ». Au premier corner, il se dirige vers celui qui m’a frappé et lui assène un grand coup. L’autre tombe KO. Quand il se réveille, il va au point de corner et commence à crier : « penalty ! penalty ! ». Ce souvenir le fait sourire. « A l’époque, nous mettions des heures à faire les déplacements. Parfois, nous arrivions ½ heure avant le coup d’envoi. « Un jour nous nous étions rendus à Bastia. Comme il pleuvait beaucoup le match avait été annulé. Nous rebroussons chemin et nous retrouvons bloqués à Saint-Pierre De Venaco. Nous sommes passés par Porto-Vecchio et sommes arrivés à quatre heures du matin à Ajaccio ! »
Lolo Alata : « J’ai un maillot que mon fils qui a vécu 20 ans aux Etats Unis m’a rapporté de Guadalajara. Il a les mêmes couleurs que les notres ! Je le porte tous les dimanches. A l’ACA, Lolo Alata a été responsable de l’école de foot et ce, sans budget : « j’ai su m’entourer de bénévoles efficaces. On payait les boissons, les sandwichs pour les enfants, je faisais le transport, remplissait les licences, je distribuais les maillots ».
Désormais, Fanfan Borodine coulent des jours tranquilles dans la cité impériale, profitent de leur retraite, de leur famille, de leurs petits-enfants. Malgré les difficultés actuelles du club et la relégation en Ligue 2, ils sont confiants quant au futur. Eux qui connaissent leur numéro de carte d’abonné par cœur, indiquent : « Nous sommes tous les deux abonnés et sommes assis à côté en JB Poli. Nous sommes malheureux quand l’ACA perd et cette relégation nous désole» expriment-ils. Toutefois, nous avons confiance en l’avenir de l’ACA ! ».
Lolo Alata et Fanfan Borodine donneront le coup d'envoi de la rencontre ACA-Monaco, le samedi 26 avril 2014 à 17h.
J-D.G et V.Co