Ce samedi, à l’occasion du match Paris Saint-Germain - ACA, notre ancien attaquant Bruno Rodriguez sera mis à l’honneur. Le buteur a connu une période difficile après l’amputation d’une jambe au mois de mars 2022. Bruno Rodriguez a accepté de prendre la parole pour évoquer sa santé et se replonger dans les souvenirs. L’attaquant avait marqué le club de son empreinte en marquant 6 buts pour le maintien en Ligue 1 lors de la saison 2002-2003.
J'ai pensé au pire
Bruno Rodriguez, tout d’abord comment allez-vous un an après votre opération?
Mieux. J’ai été opéré au mois de mars 2022. J’ai connu des hauts et des bas mais je me porte mieux. Si j’en suis arrivé ici c’est en raison de nombreuses infiltrations réalisées tout au long de ma carrière. J’ai toujours joué avec de nombreuses douleurs. J’ai ensuite subi 12 opérations en 17 années après ma carrière. Les médecins n’avaient plus de solutions, donc l’année dernière, avec mon épouse, j’ai pris la décision de l’amputation pour retrouver une vie.
Il a fallu être fort mentalement pour prendre cette décision?
C’est une décision forte mais je n’avais pas d’autres choix. Je ne me voyais pas vivre comme ça, j’étais prêt à mourir car vivre du fauteuil, à la chambre, à la table avec des douleurs en plus ce n’était pas une vie. La décision était bien sûr difficile à prendre mais je l’ai fait en mon âme et conscience. La symbolique de la jambe droite en plus, pour un footballeur, qui m’a permis de jouer au football et de marquer des buts, était difficile à vivre au départ. Psychologiquement j’ai touché le fond au début. J’ai été suivi par un psychiatre, il ne faut pas craindre d’être aidé. Cela m’a servi et me sert. Je n’ai pas honte de dire que je suis handicapé, c’est une nouvelle vie. Mon but maintenant est d’essayer d’aider les autres à accepter plus facilement leur condition et leur handicap plus facilement. C’est compliqué en France aujourd’hui de vivre avec un handicap.
Sensibiliser les jeunes sur les infiltrations
Quel message souhaitez-vous faire passer ?
Je veux m’adresser aux jeunes générations de sportifs, que vous souhaitiez devenir professionnel ou que vous soyez sportif du dimanche, il ne faut pas croire qu’une infiltration est un acte anodin. Cela aide ponctuellement mais sur le long terme c’est dangereux. On tombe vite dans un engrenage parce qu’avec une piqûre on se sent mieux, nos douleurs sont atténuées. Mon cas est extrême mais il faut comprendre qu’il faut prendre soin de son corps. Une carrière de sportif de haut niveau est très courte, est-ce que cela vaut le coup de se faire piquer et accélérer les choses pour en souffrir plus tard ? J’espère que les jeunes sont sensibilisés aujourd’hui à travers les centres de formation.
J'ai repris vie
Vous avez retrouvé vie avec cette prothèse désormais ?
Ma vie n’a plus rien à voir, je marche avec ma prothèse, sans aide. Je peux reconduire et j’ai repris ma vie sociale avec tout le monde. Sans être dépendant et sans prendre énormément de médicaments. J’ai pris cette décision et je dois dire que cela a marché, je n’ai pas d’autres douleurs. Au moment d’une infiltration, il faut que l’on explique l’acte dont il s’agit. Je regrette qu’à mon époque on ne m’ait pas expliqué les conséquences derrière. J’ai l’impression d’avoir été traité comme du bétail. Je ne veux pas que la jeune génération, parce qu’il y a de l’argent en jeu, mette sa santé en péril.
Touché par l'initiative du PSG

Paris a souhaité vous mettre à l’honneur samedi à l’occasion de ce match puisque vous avez évolué dans les deux clubs. Une initiative qui vous touche?
Ça me touche bien entendu, on tape souvent sur Paris mais ils ont des valeurs. Le simple Bruno Rodriguez qui a joué très peu de temps à Paris est invité pour défendre son discours et faire passer son message. Paris y a pensé et j’en suis très reconnaissant.
Quels souvenirs gardez-vous d’Ajaccio lors de votre passage en 2002-2003 ? Vous aviez disputé 30 matchs sous le maillot blanc et rouge et inscrit 6 buts!
Je jouais peu à Lens et j’ai été contacté par Rolland Courbis pour savoir si j’étais intéressé pour évoluer à Ajaccio. J’étais heureux car je retrouvais ma Corse natale. On a réussi à se maintenir à la dernière journée ! Je me rappelle du match au Havre où l’on gagne et je marque car nous nous en sommes sortis. On a réussi à respecter l’objectif du maintien et c’était génial pour le club et la ville. L’exploit était grand car le club commençait à peine se construire. Je voulais faire un petit hommage à Michel Moretti qui a été un président extraordinaire. Il a construit l’ACA d’aujourd’hui. Même si j’arrivais de Lens, Paris etc… Ajaccio avec des petits moyens ne m’inquiétait pas car je viens de ce monde-là. Cela n’a pas été facile mais on avait atteint l’objectif.
Photos : G. Pierlovisi / M. Luccioni