Alors que le dernier derby entre l'ACA et le GFCA remonte à 1998 en championnat National, Frédéric Bertocchini (historien et journaliste) nous remet en mémoire les années de règne des clubs ajacciens sur le football corse, avant la création du Gazéléc en 1958.
1958 - « La Guerre des Trois » contre le Gazélec
Alors que le F.C.A. et l’A.C.A. règnent sans partage sur le football corse depuis une demi-décennie, et que l’O.A. obtient toujours des résultats satisfaisants, un coup de tonnerre retentit à Ajaccio en 1958. Effectivement, un 4e « grand » club est créé dans la cité impériale. Il s’agit du Gazélec. Les fondateurs du club ne donnent pas dans la dentelle et annoncent de très grosses ambitions : un vrai stade de football flambant neuf, de grands joueurs, des infrastructures, et une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs. A Ajaccio, les dirigeants de l’A.C.A., du F.C.A. et de l’O.A. sont très inquiets de cette nouvelle donne. Rapidement, le Gazélec met ses projets en application et débauche les meilleurs joueurs des trois autres équipes ajacciennes. Le ton monte dans la cité impériale. Nice Matin parle alors de « Guerre des Trois contre le Gazélec ». Les trois clubs ancestraux d’Ajaccio se regroupent le temps d’une réunion. On évoque alors une fusion A.C.A.-O.A.-F.C.A. Mais cette idée ne sera jamais concrétisée. La naissance du Gazélec coïncide ainsi avec une période de crise. On parle de fusion, de changement, d’alliance, mais au final, rien ne bouge. A partir de 1958, plus rien ne sera comme avant dans le paysage footballistique ajaccien.
Avec la naissance du Gazélec, l’année 1957-1958 est bien triste pour l’A.C.A., mais aussi pour tous les clubs ajacciens. Les joueurs de la ville se trouvent à présent éparpillés dans quatre formations ambitieuses, et les meilleurs ont rejoint les rangs du Gazélec. De plus, les rencontres sont toujours perturbées par des incidents provoqués le plus souvent par l’absence d’arbitres officiels. En championnat, l’A.C.A. ne fait plus que de la figuration. Toutefois, les Ours parviennent à se hisser une fois encore en finale de la coupe de Corse. Quelques jeunes joueurs se révèlent alors sous le maillot rouge et blanc, notamment le jeune Chaix. Après avoir éliminés Corte, les Ajacciens se déplace à Bastia pour y affronter le sporting en finale de la coupe. Cette finale provoque de nouvelles palabres et une nouvelle affaire. En effet, les dirigeants acéistes en ont assez : une fois de plus, la finale de la coupe se déroule à Bastia, favorisant de ce fait les équipes du nord au détriment de celles du sud. Intransigeants, les dirigeants de la Ligue Corse refuse de revenir sur leur décision et maintiennent le match au stade Armand-Cesari. A Furiani donc, l’A.C.A. s’incline en finale contre le sporting, sur le score de 3 buts à 2, non sans livrer un grand match, plein d’engagement et de sérieux. C’est sur un penalty imaginaire particulièrement injuste que les Ours perdent cette finale qui aurait pu sauver leur saison.
Extrait du livre de Frédéric Bertocchini: 'ACA, un seculu in rossu è biancu' aux éditions Albiana.