Claude Leroy, Acéiste de 1970 à 1973

Claude Leroy

Claude Leroy, Breton de naissance et Acéiste de 1970 à 1973, a gardé l'ACA dans son coeur. Au cours d'un entretien téléphonique, le 'sorcier blanc' nous a évoqué ses trois années à Ajaccio dans les années 70. Nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir le personnage Claude Leroy qui a disputé 95 matchs avec le maillot blanc et rouge et inscrit 12 buts.

'Nous aurions pu jouer le titre'

Comment êtes-vous arrivé à Ajaccio en 1970?
Il faut dire que ma signature à l’AC Ajaccio est liée à une histoire abracadabrantesque! En 1970, je suis transféré du FC Rouen à l’Olympique de Marseille. À mon arrivée, j’ai rencontré le président de l’époque (Marcel Leclerc), mais je n’ai pas du tout apprécié sa façon de parler aux gens. C’était une période proche de mai 1968 et cela ne me convenait pas. J’avais alors le choix de retourner à Rouen ou aux études. Finalement lors du dernier jour de mercato, le directeur sportif d’Ajaccio, Antoine Federicci (qui entretenait d’excellentes relations avec l’OM), m’a appelé et m’a demandé si j’étais prêt à signer pour l’ACA. J’ai démissionné de l’OM et signé un contrat de 3 ans avec Ajaccio. Puis je suis arrivé dans l’équipe 4 jours avant le premier match de championnat face à Nancy. Drôle d’histoire!

Que pensiez-vous de l’équipe à votre arrivée avec la présence notamment de Dominique Baratelli, Marius Trésor, Étienne Sansonnetti, François M’Pelé…?
L’équipe avait été composée très tard, nous venions tous de trajectoires différentes. Mais cette année-là il y avait une sacrée bande! Le groupe était très jeune, à part Étienne Sansonnetti. L’équipe était très homogène et très complémentaire. Nous étions des joueurs techniques sur le terrain et proches les uns des autres.

Quel joueur ajaccien vous a le plus marqué?
Marius Trésor ! De par sa puissance athlétique il était impassable! À notre époque, c’était le meilleur défenseur du monde. L’entraîneur ajaccien, Louis Hon, a eu l’intelligence de mettre en place une défense à trois car Marius jouait au centre de la défense et assurait son rôle. Il avait un potentiel exceptionnel!





Et vous, quel genre de joueur étiez-vous?
J’étais un dribbleur, je prenais beaucoup de coups. Je pouvais évoluer au poste d’attaquant extérieur ou de numéro 10. Ma qualité première était ma qualité technique, avant tout.

1971: « À cette époque, nous aurions pu jouer le titre ! »

En 1970-1971 vous aviez, tous ensemble, frôlé l’Europe. Cela reste la saison la plus performante en première division dans l’histoire du club.
Pas plus tard qu’hier, j’en discutais avec François M’Pelé. Ensemble on se disait qu’on ne s’était pas rendus compte à quel point notre équipe était exceptionnelle de talents et jeune. Cette saison-là nous avions réalisé des matchs d’une très grande qualité. Nous aurions pu jouer le titre! Alors que l’ACA avait été repêché en D1 après l’abandon volontaire du FC Rouen et que plusieurs joueurs étaient arrivés tard dans le groupe. Louis Hon notre coach nous disait qu’on était prêt alors qu’on affirmait le contraire. C’était une saison exceptionnelle.

Malheureusement, deux saisons plus tard, l’ACA a été relégué en deuxième division...
Oui, en 1971-1972, l’ACA a vendu Dominique Baratelli puis Marius Trésor l’année d’après. Avec eux on aurait pu être beaucoup plus ambitieux. Cette saison-là était correcte mais nous pouvions aller beaucoup plus haut, avant de nous effondrer en 1972-1973. Il y a eu beaucoup trop de changements par la suite, cela nous a coûté très cher. Mais j’ai passé trois années formidables à Ajaccio et j’ai raté très peu de matchs.

Quel est le moment le plus fort vécu avec l’ACA?
Le premier match de championnat face à Nancy m’a marqué. À cette époque, c’était une des plus grosses équipes de première division. La mayonnaise a très vite pris entre nous. Il y avait beaucoup de qualité intellectuelle. On a gagné 5-0 avec 3 séances d’entraînement en commun dans les jambes! Ensuite on perd bêtement le match à Marseille 1-0. Je pense que c’est à ce moment-là que nous avons douté de nous, alors qu’on avait tout pour gagner. Si nous n’avions pas perdu, nous aurions été plus ambitieux. Mais on se découvrait tous. D’ailleurs dix ans plus tard, tous les joueurs évoluaient encore en première division. Il y avait tellement de qualité, qu’Henry Dumat était remplaçant ! C’était pourtant un joueur de très grande qualité.

Après avoir connu Ajaccio, on peut dire que vous n’avez plus jamais quitté l’île?
Ces trois années à Ajaccio ont marqué ma vie. J’étais jeune marié, je me suis installé à la Cruciata, à Porticcio. Dès qu’on peut, avec ma femme, on rentre chez nous à Ajaccio, on passe quelques jours. Nous sommes restés incroyablement attaché la ville. Notre meilleur ami, Pierre-Etienne Brancaleoni, était adjoint au maire. Nous pensons souvent à lui. Avec Ajaccio, c’est vraiment une histoire d’amour. Il faut dire que les Bretons ont beaucoup de points communs avec les Corses. J’ai tellement de souvenirs en tête, de séjours en corse, en famille et avec les enfants. Toute notre vie se déroule avec la Corse.





Quel regard portez-vous sur notre club aujourd’hui?
Ma femme qui ne s’intéresse pas du tout au football s’inquiète seulement du résultat d’Ajaccio aujourd’hui. Pour vous dire à quel point nous avons gardé le club dans notre cœur. Je suis très triste de voir Ajaccio en Ligue 2. Chaque fois que je passe, je suis heureux de voir des matchs de L1 ici. C’est un club qui a besoin d’un entraineur qui connaisse bien le niveau professionnel comme Olivier Pantaloni. D’ailleurs dans son staff, il y a quelqu’un que je connais très bien. Thierry Debes. Il m’est très cher. C’est moi qui lui ai fait signer son premier contrat professionnel, il est humainement remarquable.

Comment voyez-vous l’avenir de l’ACA?
En Ligue 2, il faut de la qualité, de l’intelligence et beaucoup d’expérience. C’est un club qui n’arrête pas de se structurer, dans le stade, les infrastructures et même en équipe de jeunes où les championnats nationaux sont bons pour les Acéistes. Je suis passionné par l’ACA, j’adore ce maillot, il est magnifique. Il représente trois années de bonheur c’est le plus important. Je pense sincèrement qu’il y a la place pour un club de ligue 1 à Ajaccio.

Claude Leroy est aujourd'hui un expert reconnu du football africain. Il a dirigé de nombreuse nations et s'est forgé un joli palmarès: Finaliste de la CAN en 1986 et Vainqueur de la CAN en 1988 avec le Cameroun, Qualification au second tour en Coupe du Monde avec le Ghana (1998), Demi-finaliste de la CAN en Algérie 1990 avec le Sénégal... entre autres. C'est d'ailleurs grâce à l'AC Ajaccio que Claude Leroy a découvert l'Afrique en 1972, au Congo.

Après une carrière de joueur riche, vous avez été entraîneur et surtout sélectionneur. C’est une fonction qui vous colle à la peau?
Entraîneur ou sélectionneur, j’apprécie les deux fonctions. À une époque, j’ai eu une proposition de l’ACA. Mais en Corse je veux venir pour voir le club jouer, je ne veux pas me fâcher avec mes amis Corses. J'ai rebâti une équipe entière avec des joueurs cadres au Congo comme Prince Oniengué (Reims) et N’Dinga (Olympiakos) et beaucoup de jeunes joueurs locaux. Il faut savoir que le Congo a toujours porté bonheur à l’ACA. En 1972, nous sommes partis au Congo pour les aider à préparer la Coupe d’Afrique des Nations. Nous avions réalisé une tournée et gagné. Ensuite c’est le Congo de François M’Pelé qui a remporté la CAN!

Que peut-on vous souhaiter pour la suite Claude Leroy?
Continuer à prendre du plaisir et à m’occuper d’équipes de football, et de garder la santé pour vivre de ma passion. Et surtout ALLEZ L’ACA !

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