Alain Mistre, champion de France 1967

Alain Mistre

En 1967, Alain Mistre était sacré champion de France de deuxième division avec l’ACA ! Le défenseur central nous a fait l’honneur de nous rendre visite au stade François-Coty au mois d'avril 2017, 50 ans après avoir décroché le premier titre des Blanc et Rouge dans le monde professionnel. Le natif de Cassis parle d’Ajaccio et de la Corse avec beaucoup d’émotion. Retour sur l’itinéraire d’un méditerranéen qui a épousé… l’Ile de Beauté.

'Ce pays m'a passionné'

Bonjour Monsieur Mistre, comment votre venue à l’AC Ajaccio s’est déroulée en 1965?
Il faut d’abord savoir que j’ai rejoint l’AS Monaco très jeune. Il y avait déjà à l’époque beaucoup de concurrence, alors pour me permettre d’avoir plus de temps de jeu, le club m’a prêté à l’AS Cannes. C’est là où j’ai rencontré et côtoyé Alberto Muro durant la saison 1963-1964. Il a ensuite été contacté par l’ACA pour monter une belle équipe et aider le club à gravir des échelons avec éventuellement l’idée de monter en première division. Alberto m’a demandé de venir alors j’ai réfléchi car il y avait des internationaux à mon poste, c’était difficile de jouer. J’ai alors dit oui pourquoi pas, je devais être prêté pour 8 mois… mais au bout de 8 semaines j’ai senti que ce pays m’avait passionné !

C’est au cours de votre deuxième saison à Ajaccio que vous avez été sacré champion de France de deuxième division avec Alberto Muro aux commandes. Il a marqué votre carrière et l’histoire de l’ACA on peut dire?
Oui, Alberto Muro a su créer un groupe de bons joueurs cette année-là avec une grande cohésion. La mayonnaise a très bien pris entre nous comme on dit et cela nous a permis de réaliser cette montée en première division. La première dans l’histoire du football corse. Si la première année nous n’étions pas bien en place, la deuxième saison a été brillante. C’est en partie grâce à lui et aux bons joueurs que nous avions sur le terrain. Je suis heureux d’être resté car après mes 8 premiers mois, Monsieur Mario Zatelli m’avait contacté pour monter une belle équipe de Marseillais à l’OM mais c’est à Ajaccio que je voulais faire ma vie et je ne voulais plus quitter la Corse. J’ai disputé 31 matches la première saison et 27 l’année suivante, mais je me suis blessé.

Est-ce qu’il y a des joueurs qui vous ont marqué cette année-là à Ajaccio?
J’ai aimé joué avec Henri Alberto notre gardien en 1967. Il était grand et costaud, c’était un excellent gardien. Jean-Jean Marcialis m’impressionnait beaucoup également, un joueur hors pair qui pouvait facilement prétendre à une place indiscutable dans n’importe quelle sélection nationale. J’ai aussi joué contre Etienne Sansonnetti, c’est mon ami je le connais très bien. J’apprécie aussi Jean-Claude Casties qui est mon «collègue» Marseillais.






Parlez-nous du stade Jean-Lluis, à l’époque l'enceinte de l’ACA se situait en ville près des quartiers.
Il y avait une ambiance formidable au Jean-Lluis. Il nous a beaucoup aidé dans notre montée en première division car nous étions un groupe très uni, avec un public qui ne faisait qu’un seul et même homme avec nous. On entendait les voix de nos amis en tribunes, ils étaient toujours là prêts à nous soutenir. Je me souviens de soirées avec Pascal Rossini ainsi que le grand Tino Rossi. Vraiment Ajaccio à cette époque c’était comme une grande famille.

Finalement vous êtes tombé sous le charme du bon vivre à l’Ajaccienne!
C’est ça ! Dès mon arrivé en Corse j’ai acheté un bateau que j'amarrais dans le port Tino Rossi. J’ai vécu avec les pêcheurs d’Ajaccio, comme eux, j’adorais faire les oursins, plonger. L’ambiance était extraordinaire. On m’a toujours dit que j’étais la parfaite illustration de l’intégration, on m’appelait le Pinzuttu pour la macagna à l’époque. Mais en parallèle on me disait aussi que j’étais Corse tout au long de ma vie.

Arrivé pour 8 mois, vous êtes finalement resté 48 ans à Ajaccio où vous avez ensuite été commerçant, comment l’expliquez-vous?
Tout simplement parce que j’étais heureux en Corse, il y avait une ambiance de folie dans ce pays ! Nous allions sur les quais, nous étions connus. À l’époque Ajaccio était un village et j’adorais sa douceur de vivre. Je suis né dans un port, celui de Cassis. Puis j’ai été à Monaco, un autre port avant de signer à Cannes et à Ajaccio où c’étaient également la mer ! J’ai un parcours très méditerranéen parce que cela faisait partie de mon caractère et le jour où on m’a demandé de jouer à Metz, j’ai d’abord regardé la carte (rires). Je me suis marié à Ajaccio et j’ai eu deux enfants qui sont Ajacciens.

Pourquoi êtes-vous retourné à Cassis, votre ville natale?
La santé. J’ai malheureusement subi trois lourdes opérations à Marseille après ma carrière, j’ai dû me rapprocher et rentrer sur Cassis. Si vous saviez, j’avais tellement peur de partir sans jamais pouvoir revoir la Corse. C’était ma plus grande peur. J’ai pu la revoir après mes opérations et je suis monté à Vizzavona faire une prière car je me l’étais promis.

Vous revenez souvent en Corse et vous êtes également venu le 21 avril 2017 pour la célébration des 50 ans du titre. Votre présence a honoré notre histoire.
Sous votre appel j'ai pris conscience de l’exploit que cela représentait pour vous, pour les supporters et pour tous les Ajacciens. Je suis très heureux d'avoir participé à cet évènement, c’est une très bonne chose au club d’avoir pensé à nous.




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