Rolland Courbis, le monument

Joueur avant d'être entraineur

Avec lui, l’ACA a connu une montée en Ligue 1 exceptionnelle en 2001-2002, un titre de champion de France et plusieurs maintiens successifs parmi l’élite. Avant de réaliser des miracles en tant qu’entraîneur des Blancs et Rouges, il a aussi été joueur aux côtés des Le Roy, Le Lamer, Verdonck, M’Pelé. Son destin a toujours été lié à celui d’Ajaccio. Corse d’adoption, Rolland Courbis revit ses souvenirs ajacciens.

Corse d'adoption

Si Monsieur Courbis était une saveur, il serait celle de l’intelligence. S’il était un parfum, ce serait celui de l’humour. L’association des deux donnerait de merveilleux ingrédients : drôlerie, finesse, répartie. Et bien sûr, le talent. Talent d’entraîneur, talent de joueur, le talent tout court. Ce n’est pas donné à tout le monde. Rolland, pour les intimes, fait partie de ces personnages que l’on ne présente plus. Leur légende les précède, où qu’ils aillent. Bluffeur, farceur, perspicace et virtuose du ballon rond, Rolland Courbis est bel et bien un monstre sacré du monde sportif, un monument.

C’est un Monsieur très occupé, mais il a toujours le temps pour l’ACA. Car Rolland Courbis a porté haut les couleurs acéistes. Deux fois. D’abord comme joueur, en 1972-1973, puis comme entraîneur, de 2001 à 2003 puis de 2004 à 2006. Ses souvenirs en tant que joueur sont toutefois teintés d’une légère amertume : «Jouer à Ajaccio m’a permis d’être titulaire ce qui n’était pas le cas à l’OM » se remémore-t-il.




«J’ai juste le petit regret que nous n’ayons pas pu nous sauver cette saison là (1972-1973, ndlr) alors que notre équipe en avait largement les moyens. Mais c’était compliqué : il y a avait des problèmes au sein du groupe». Une impression d’inachevé qu’il a eu le sentiment d’effacer lors de son retour dans la cité impériale, mais cette fois en tant que staff. «Quand je suis revenu comme entraîneur, j’ai été content de pouvoir réparer cette injustice » indique-t-il.

L’injustice fut grandement réparée, avec une accession mémorable en Ligue 1, et ce en dépit d’un budget très étriqué de 4 millions d’euros. Coach Courbis ne garde que le meilleur de cette expérience ajaccienne : «J’ai connu beaucoup de bonheurs avec l’ACA. Revenir en tant qu’entraîneur trente ans après avoir démarré ma carrière de joueur professionnel a été quelque chose d’extraordinaire. C’est un souvenir que je n’oublierai jamais. Voir tant de gens heureux de retrouver la Ligue 1 est un souvenir que j’emmènerai avec moi ».

L'ACA mon club de coeur

Granon, Squillaci, Terrier, Robin, Trévisan, Bécas, Colling, Demont : l’année de la montée, Rolland Courbis, avec brio, dirige des garçons qui avaient les têtes et les jambes pour amener le club au plus haut niveau… et l’y faire rester. Le coach n’a rien oublié des opérations sauvetages, parfois sur le fil : «Je me souviens particulièrement d’un match au Havre, en 2002-2003, à la 35e journée, où nous étions pratiquement cuits, bons pour la relégation en Ligue 2. Nous vivions une fin de saison catastrophique et nous avons réussi à nous sauver en gagnant 1-0». Car le talent n’est rien sans un soupçon de chance…

L’ACA c’est aussi ces personnages qui ont laissé une empreinte définitive dans l’histoire du football ajaccien : «L’ACA m’a permis de connaître deux grands dirigeants : Antoine Federicci et Michel Moretti. Ils étaient en relation avec un autre grand président, Jean-Louis Campora. J’en garde le souvenir de gens très compétents» exprime-t-il.

Rolland Courbis a une attache profonde avec l’île de Beauté : «C’est une évidence de dire que, sur le plan affectif, je me sens Corse d’adoption» dit-il. «On a parfois plus de satisfaction avec des parents adoptifs qu’avec des parents de sang» souligne-t-il avec un brin de dérision. Presque Corse, Rolland Courbis ? C’est peut-être parce qu’il partage ce goût presque sacré, incontournable chez nous, de la macagna, cette moquerie amicale, pas méchante du tout. Une façon de distancer par le rire une réalité parfois intransigeante: «Quand je suis sur l’île, j’ai toujours des marques d’affection. Et j’aime taquiner mes amis corses sur leur susceptibilité et comme je suis assez chambreur, j’ai connu des situations où j’ai beaucoup rigolé ». On le croit volontiers sur parole.

Une anecdote pour illustrer cette verve qui le caractérise : lorsqu’il était entraîneur à l’ACA, lors d’un spécifique attaquant sur la pelouse de Timizzolu, au cours duquel aucun joueur ne parvenait à mettre la balle dans les filets, il a lancé : «je comprends pourquoi il n’y a pas un seul oiseau ici… ! ».

Fidèle en amitié, il  ne manque jamais d’aller rendre visite aux amis quand il débarque sur notre rivage: «Lorsqu’on réussit à se créer des liens d’amitié  avec des Corses, ce qui est mon cas, c’est toujours agréable et touchant. Dès que je peux, je viens en vacances, que ce soit à Calvi ou à Porticcio, je viens embrasser des gens que j’aime beaucoup et réciproquement». 

La Corse, c’est aussi sa nature sauvage, belle et généreuse, et en particulier la pêche. «Les parties de pêche à Lava avec mon ami Toussaint durent depuis 15 ans» confie-t-il. Car ce n’est un secret pour personne :  Rolland Courbis aime taquiner la poiscaille. Amateur de bonne chère, il aime surtout la mettre dans son assiette.

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