Francis Berfini
De l’OGC Nice à l’ACA en passant par les Chamois Niortais et de nombreuses sélections avec les cadets corses, Francis Berfini a marqué l’histoire de notre football. L’enfant de Corte, au caractère bien trempé, a porté nos couleurs en 1965 et 1966. Nous avons rencontré le milieu de terrain chez lui, à Moriani-Plage, pour retracer son parcours avant le grand événement du 21 avril 2017 au stade François-Coty célébrant le 50ème anniversaire du titre de champion de France 1967.
'Il n'y avait que de la macagna à Ajaccio'
Francis Berfini, racontez-nous vos débuts dans le football
J’ai débuté le football à Corte, j’ai joué deux années en cadet. À l’issue de cette première expérience j’ai été contacté par des clubs continentaux : Nice, Monaco, Sochaux, Saint-Etienne… 4 clubs qui avaient suivi les performances de notre sélection de cadets à Mulhouse et à Nevers. J’ai opté pour l’OGC Nice car mon père connaissant Monsieur Sinibaldi et m’a laissé partir à la seule condition de passer mon bac là-bas. J’y ai signé ma première licence junior. Voilà mon parcours en jeunes.
'A Nice, on parlait corse entre nous'
Comment avez-vous vécu votre départ de Corte pour Nice?
À l’époque il n’y avait pas de centre de formation, nous étions 6 à venir de l’extérieur pour s’entrainer avec les professionnels. C’était dur ! Les premiers jours ont été un déchirement pour moi qui venait de Corte mais Nice était petit il y a 45 ans, c’était un village, tout le monde se connaissait et il y avait beaucoup de Corses qui habitaient à Nice. On parlait corse entre nous au lycée Massena.
Vous étiez souvent appelé avec une sélection de juniors corses, c’était prestigieux à l’époque!
J’ai été sélectionné 4 fois en « junior Corse » pour des tournois à Saint-Laurent-du-Var. La première année je n’étais pas titulaire mais dès la seconde année j’ai trouvé ma place. Puis je suis passé capitaine et on a gagné deux fois consécutivement ce tournoi contre des sélections du Sud-Est : Cannes, San Remo, Genève, Lausanne… Les sélections corses comme ça étaient extraordinaires!
'Valoriser notre jeunesse'
La Corse était déjà une terre de football il y a 50 ans!
Il y a 45 ans de ça on venait chercher des jeunes joueurs corses pour les amener à un très haut niveau. Cela signifie que le niveau était, il y a 45 ans déjà, très élevé ! Il devrait y avoir plus de jeunes insulaires dans nos équipes. C’est quelque chose qui me frappe dans notre football aujourd’hui ! Même si l’on n’est jamais prophète en son pays, il en faut plus. Il y avait beaucoup de techniciens à notre époque. J’espère qu’à l’avenir les clubs corses mettront en place de vraies politiques de formation tournées vers la jeunesse corse.
Comment êtes-vous arrivé à l’ACA en 1965?
Après Nice, j’ai signé deux licences. D’abord j'ai rejoint le Sporting mais cela ne s’est pas bien passé avec le président alors j’ai arrêté. Puis c’est Félix Bonelli qui m’a proposé de venir à Ajaccio. Il me connaissait, il est venu me voir à Corte et m’a demandé si je voulais signer à l’ACA. J’ai connu les deux premières saisons professionnelles de l’histoire du club. J’avoue que c’était très conflictuel avec moi, je jouais un dimanche sur deux et je disais les choses notamment avec l’entraîneur Alberto Muro (rires). Il disait qu’il me réservait pour les matchs difficiles. La suite a été compliqué.
'Il n'y avait que de la macagna à Ajaccio'
Cela signifie que vous étiez un joueur de tempérament?
Je jouais pour gagner ! D’ailleurs je m’en foutais pas mal, je parlais pour les autres. Pendant les 90 minutes on se battait sur le terrain, nous avions une mentalité de gagneur. Moi j’étais hargneux. Aujourd’hui j’aurai peut-être mis de l’eau dans mon vin car avant on jouait pour manger et gagner notre vie. Beaucoup de grands joueurs ont intégré le monde du travail après le football.
Comment était Ajaccio à votre époque?
Il n’y avait que de la macagna ! Moi j’habitais au-dessus du Grisbi, c’était fabuleux ! Tu étais heureux à Ajaccio, c’était une merveille. On connaissait tout le monde, nous étions souvent dehors aussi il faut le dire (rires). La ville a beaucoup changé depuis.
Après l’ACA, que se passe-t-il pour vous?
Jean-Claude Casties qui jouait avec nous a passé son diplôme d’entraineur. Il avait besoin de deux joueurs pour renforcer son équipe à Niort. Avec Jacky Thétard nous avons signés à Niort puisque nous jouions moins avec l’ACA. Ensuite j’ai passé un diplôme de moniteur de gym et je suis revenu à Corte où j’ai entrainé l’USC et j’étais professeur au lycée. Je me suis installé par la suite à Moriani-Plage où j’ai joué et entraîné avec l’équipe locale pendant des années.
Le 21 avril vous aviez retrouvé d’anciens coéquipiers dont Alain Mistre…
Nous nous sommes rappelés de très bons moments ! Cela a été très difficile, je vous dis la vérité, on est très humains, surtout moi. Réunir autant d'anciens footballeurs c’était extraordinaire, c’est bien d’avoir fédéré autant de passion autour de club alors que c’est difficile, j’en suis conscient.