Deux belles années à l'ACA
C’est à Olmeto, dans le village de sa mère, que Michel Albaladejo a eu la gentillesse de nous recevoir. Cet ancien milieu de terrain passé par le FC Nantes, Lille ou encore l’Olympique de Marseille, a évolué entre 1972 et 1974 sous nos couleurs Rouge et Blanche. Sa vision du jeu, ses passes précises et sa technique affirmée lui ont permis d’embrasser une carrière professionnelle et de jouer avec les plus grands : de Marius Trésor à François M’Pelé en passant par Albert Vanucci et jusqu’aux Champions du Monde Brésiliens (Jairzinho, Paulo César). Retour sur l’itinéraire de « l’homme de l’entre-jeu » qui est désormais installer à Olmeto.
Antoine Federicci un grand personnage
Monsieur Albaladejo, vous avez réalisé vos débuts dans le football à Nantes?
Oui. À l’époque j’étais petit et frêle, je n’étais pas forcément destiné à réaliser une carrière de footballeur professionnel. D’ailleurs mes parents m’ont toujours demandé d’apprendre un métier au cas où le football ne marcherait pas pour moi, j’ai donc obtenu un CAP de coiffure. Mais j’ai finalement eu la chance de pouvoir intégrer le monde du football en réalisant un essai au FC Nantes. C’est au cours d’un stage à Pâques en 1966 exactement que j’ai pu suivre quelques entraînements et le club m’a gardé en me faisant signer 5 ans.
Mais c’est à Lille que vous allez faire vos grands débuts?
Ce n’est pas grâce à Nantes que j’ai pu découvrir le football professionnel c’est vrai. Le jeu à la Nantaise était difficile à suivre pour moi. Ça allait très vite et physiquement dur. Je me rappelle que les entraineurs me disaient : « quand tu n’as pas le ballon, tu dois être à la disposition des autres ». Le club ne souhaitait pas me conserver après les évènements de Mai 1968 mais j’ai commencé à me libérer petit à petit sur le terrain. J’ai rejoint le LOSC en prêt à ma demande où j’ai connu un ancien joueur de l’ACA, Paul-Charles Lestringuez et Serge Dubreucq également. Lui était un sacré joueur d’ailleurs ! J’ai même fait une année au Bataillon de Joinville avec des joueurs corses comme Claude Papi, Robert Nari et José Cinqui avant d’arriver à Ajaccio.
Comment êtes-vous arrivé à Ajaccio par la suite justement?
D’abord l’Olympique de Marseille m’a transféré du FC Nantes. Le club m’a donné mon bon de sortie après négociation avec l’OM et grâce Robert Budzynski, l’ancien directeur sportif bien connu de Nantes. Mais le contrat que j’ai signé n’était pas conforme. Puis Antoine Federicci m’a contacté pour que je le rencontre. J’ai donc signé un contrat de trois ans avec l’ACA. C’était quelqu’un de bien Monsieur Federicci.
C’est un personnage qui vous a marqué?
Oui complètement ! Il avait une grande connaissance du football tout d’abord, il sentait les bons joueurs et savait constituer de grandes équipes. Il avait aussi beaucoup de contacts, c’est lui qui est à l’origine de la venue de nombreux joueurs à l’ACA à l’époque. Il était très respecté, il avait de la poigne et savait nous parler. Je me rappelle une fois de sa colère lorsque j’ai pris un carton alors qu’il m’avait prévenu avant la rencontre… « Oh la la ! ». Un grand monsieur.
Merci pour l'événement du 21 avril 2017
La première saison en Rouge et Blanc en première division a été difficile avec une relégation?
Je n’explique toujours pas comment nous avons pu descendre avec une telle équipe. Sûrement que nous étions jeunes et fougueux à l’époque. Peut-être que le départ de Marius Trésor au bout de quelques journées à peser. Mais il y avait des joueurs de qualité en 1972-1973 comme Claude Leroy, Robert Buigues, Gabriel Latour, François M’Pelé, Toussaint Martinetti qui avait du tempérament sur le terrain. Puis la deuxième saison (1973-1974 en deuxième division), nous avons perdu François M’Pelé qui a été transféré au Paris-Saint-Germain.
Justement quels sont les joueurs qui vous ont le plus marqué à Ajaccio?
Marius Trésor était un défenseur d’une classe incroyable ! Je me souviendrai toujours de son tacle glissé contre le Paris FC. Un joueur avait réalisé un petit pont à Marius dans la surface, mais Marius a réussi à revenir en lui subtilisant le ballon juste avant qu’il arme sa frappe. Tout le monde pensait qu’il y allait avoir but pour Paris. François M’Pelé aussi était un joueur d’une grande trempe. Très fort techniquement avec le ballon. Puis ils étaient tous les deux de gentils hommes.
Après deux saisons à l’ACA, vous avez ensuite rejoint l’OM en réalisant de nombreux matchs.
C’était une belle aventure de deux années à l’ACA mais si la deuxième saison nous avons perdu Marius Trésor. Après à Marseille aussi j’ai passé de belles années, c’est là où j’ai pu faire la connaissance d’Albert Vannucci notamment. C’était lui aussi un très bon joueur, j’ai rejoué avec Marius Trésor et j’ai découvert les Jairzinho, Paulo César… en 1974-1975. Ils étaient tous les deux champions du monde avec le Brésil.
Après avoir connu Ajaccio, Marseille et quelques villes, vous avez finalement décidé de vous installer à Olmeto, pourquoi ce choix?
C’est le village de ma mère, née Gaddini, et de ma grand-mère. Même si j’ai grandi à Marseille, je revenais à chaque vacance au village. D’ailleurs, petit, je me souviens qu’après chaque traversée en bateau Marseille-Ajaccio, nous prenions le car d’Ajaccio à Olmeto avec mes parents. Mon père me montrait le stade Jean-LLuis puisque nous passions devant que j’étais petit. C’est un stade que j’ai connu mais je n’ai joué qu’au stade François-Coty. Un stade où évidemment j’ai de nombreux souvenirs. Maintenant je veux rester ici à Olmeto où je me sens très bien.
Le 21 avril à Ajaccio vous avez retrouvé de nombreux anciens coéquipiers, qu’est-ce que cela vous a inspiré?
C’est très rare de voir un club professionnel organiser un évènement d’une grande ampleur comme ça. Cela nous a permis de retrouver des anciens joueurs que l’on avait perdus de vue, on s'est retrouvés avec grand plaisir. Nous étions nombreux à venir de Marseille en plus : Rolland Courbis, Robert Buigues, André Bodji, René Le Lamer… C’est vraiment une très bonne initiative de la part de l’ACA, vraiment merci!!